Pour ma première mise en scène à Bordeaux j'ai choisi cette pièce d'Edward Albee que j'avais jouée en Argentine. J'ai transposé l'action du Central Park de Manhattan à un espace symbolique et stylisé : celui de la plus profonde de solitudes humaines, là où on a le besoin profond d'un vrai contact. Le banc était fait de deux bases de tronc d'arbre et la planche, brute était à peine traitée. Jerry et Peter était projetés dans un matériau mythique plus que naturaliste. L'arbre fait banc, paradoxalement, devenait un endroit qui sortait le spectateur du quotidien.

A travers l'histoire de ce chien qui en veut à sa chair Jerry entraîne Peter vers l'ultime combat, celui qui va les unir dans le sang : Jerry assassiné au couteau par Peter, ayant lutté pour la possession d'un banc public.

 


Photo : Jean Lavigne

 

Ce fut une belle épreuve pour Hubert Chaperon et Christian Rousseau qui reprirent les rôles créés par Michael Londsdale et Laurent Terzieff en France en 1965.

J'ai ajouté, pour la vie du texte, là où Albee parlait de Baudelaire le poème " le serpent qui danse ". Et à la place d'une question assez datée sur les classes moyennes, cette question inspirée du Talmud : " Si Dieu est le lieu de son monde mais que son monde n'est pas son lieu, est-ce que Dieu est le lieu du monde et pouvons-nous l'appeler lieu ? "

 


Photo : Jean Lavigne

 

Décor de Manuel Magnani et Max Jumelle, lumières de Sylvain Dumoulin, musique composé et jouée live aux saxophones : Josetxo Silguero et Etienne Rolin.

Les textes de Edward Albee furent montés par des grands metteurs en scène : Bergman, Gielgud, Schneider, Zeffirelli…

Seul l'aveuglement d'un groupe des gardiens du temple, plus nuls les uns que les autres, peut le considérer comme un auteur mineur ou naturaliste. C'est simplement un des nos plus grands auteurs contemporains.

 

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