Presse "Orfeo"

 

 

POINT DE VUE

Monteverdi à l'université

CHRISTIAN MALAPERT

Pour renouer avec une activité musicale naguère florissante - somptueuse époque du GRAM ! - l'université de Bordeaux 3, joliment rebaptisée Michel-de-Montaigne, ne s'attaque pas à une œuvre de second plan puisqu'il s'agit - excusez du peu - de présenter "l'Orfeo" de Monteverdi qui passe, à juste titre, sans doute, pour le premier opéra de facture classique qui nous est parvenu dans son intégralité : action dramatique dont les protagonistes sont tous des chanteurs à emploi caractérisé, avec alternance de chœurs et sinfonie.

L'Orchestre universitaire de Bordeaux demeure, sous la férule de son fondateur, l'infatigable Jean-Louis Laugier, une formation très exacte dans ses intentions, équilibrée, à la dynamique nuancée. L'atelier de chant choral de l'amphi 200 lui donne une réplique nourrie et attentive, mais qui justifierait des pupitres masculins nettement plus fournis.

Quoi qu'il en soit, Marion Fribourg lui insuffle vie, émotion, couleurs. Côté solistes, les bonheurs sont divers. Y émergent Marion Fribourg, elle-même, et Jean - Xavier Combarieu -un Nigel Rogers en herbe- et bien sûr le couple vedette Sylvia Coran - Erik Gruchet, qui donne beaucoup de vérité à leurs personnages, avec des moyens utilisés de manière retenue.

La mise en espace de Mario Dragunsky, à mi-chemin entre la version de concert et la mise en scène, propose une symphonie en blanc qui évoque fort convenablement la pure légende mythologique de l'amour plus fort que la mort.

Gestes symboliques juste esquissés, défilés hiératiques : un très grand respect pour ce chef -d'œuvre toujours étonnant; une entreprise musicale et artistique à suivre.

Les divinités du Styx n'ont qu'à bien se tenir.

Journal "Sud Ouest" du vendredi 27 juin 1997

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