Note d'intention du metteur en scène

 

 

Chercher l'amour fou entre Horacio et la Sibylle, le roman qui dirait TOUT avec Morelli, ce qui fonde les relations avec le " Club du Serpent ". Chercher Buenos Aires , Paris et le lien entre les deux. Chercher à dire ce qu'est la vie, son sens, l'homme nouveau. Chercher et chercher. Faire le chemin, un bout de chemin. Avec l'humour ravageur, subversif et tombeur de conventions de Cortazar. Jouer, avec les rythmes, le plaisir de l'engagement, du ton juste, l'humour. L'écoute du jazz.

 


Julio Silva:"Silvalandia"

 

 

Amener le public dans un voyage. Une image : la fin où chaque personnage, sauf Horacio, se transforme en son double de "l'autre côté" en changeant à vue d'attitude physique et intérieure, en mettant ou en enlevant des accessoires. Dans ce voyage entre " ce côté-ci ", " ce côté-là " et de " tous les côtés "…

Enfin, pour résumer, disons que dans " Marelle ", je voudrais faire ressortir l'humour, ne pas donner de leçons, ne pas donner de recettes, mais être face à l'aspect ludique, instinctif, insolent et provocateur du roman. Jouer, avec le temps et l'espace. Impliquer le spectateur dans un rôle actif. Bousculer un peu les habitudes de lecture, voir et entendre l'univers autrement.

Ce qui meut le monde de " Marelle " est, pour moi, cet énorme élan d'amour, défait de tout romantisme mielleux, plein d'érotisme. Un amour qui est déjà autre chose, moteur du monde. Un amour qui est aussi une recherche, un projet de vie ou un anti-projet si l'on veut, qui est à la recherche de cet homme nouveau. Avec le respect profond des paroles, des mots de Cortazar (comment faire autrement ?), mais aussi en offrant un matériau aux comédiens aussi fort que celui d'une pièce de Shakespeare. Fait de rage, de sang, d'autodérision, de cet anti héros qui est Horacio (nom hamletien s'il en est)...

Quelques objets. Quelques projections d'images furtives, idéées par Julio Silva, pour dire Buenos Aires et Paris dans l'urgence. Car ça va vite. On cherche. On est aussi dans un roman policier. On veut connaître la fin. Ca presse.

 


"Femme - chat" de Julio Silva

 

Les corps des acteurs, dans toute leur sensualité, leur force, leur puissance. Un côté félin. Et aussi, un côté gauche et maladroit. Contradictoire, complémentaire. Et cet humour, si argentin, qui rit de tout et de soi en premier. Qui n'est pas bête et méchant, mais lucide et généreux et qui incite à l'action. Transformer.

Une lumière de Paris et une autre de Buenos Aires. La beauté de la Seine et du Río de La Plata. Les ports. La lumière, fondamentale compagne de ce voyage.

C'est aussi la transformation de la rage au ventre qu'on a face à l'injustice, à l'absurdité de la vie qu'on mène et qu'on nous " fait " mener si on ne prend pas le taureau par les cornes…

Les deux Americans in Paris Ronald le musicien et Babs sculptrice, sexys qui s'aiment, se désirent, se détestent, rient et pleurent, parce que "rien de tout vela est vrai... mais si, c'est vrai" avec Mme Trépat la pianiste qui fait fuir Pierre Boulez avec sa musique ratée, Etienne le peintre qui connaît Horacio jusqu'à la moëlle et Traveler l'ami d'Horacio. Celui qui, avec sa femme Talita, le sauvera du suicide.

C'est le chemin parcouru qui est important, pas le lieu d'arrivée (quelle arrivée ?). Rire, Ciel et Terre… Jouer et encore jouer. L'un des secrets cachés de " Marelle " est ce jeu. La vie comme un jeu. Le théâtre comme un jeu. L'écriture comme un jeu. "Marelle" est nécessaire, car cette liberté, cette profondeur, cet humour manquent terriblement au monde. Un monde qui s'enfonce. Qui perd tant.
Des fois jusqu'à la dignité. Ca va trop loin. Regarder autrement devient essentiel.


Nous voulons, modestement mais avec toute notre force, notre énergie et notre cœur, vous apporter un petit bout d'essentiel.

 

©Mario Dragunsky

 

Retour projet "marelle"

Retour à la page d'accueil

Retour au projet "Comme une histoire d'amour"